La façade maritime de la côte d’Emeraude constitue la première richesse paysagère du territoire, avec sa côte très échancrée, succession de pointes en avancée dans la mer et d’anses abritées, de largeur et de profondeur très variables, résultat du travail du vent et des marées sur les rochers.
Cette façade maritime est aussi synonyme d’ouverture « vers l’ailleurs », avec l’activité du port de Saint-Malo et le développement de la navigation de plaisance. Contrastant fortement avec la côte basse et lisse de la baie du Mont-Saint-Michel, ou avec les falaises plus hautes de la baie de Saint-Brieuc, la Côte d’Emeraude a sa physionomie propre.
De la côte de Fréhel à Dinard, par l’alternance de côtes rocheuses moyennes et de côtes basses, la morphologie de la côte conjugue les points de vue dominants et les accès faciles à la mer, propices à la vocation balnéaire. Les pointes offrent des vues extraordinaires en avancée sur l’eau et conservent pour certaines leur caractère naturel, comme au Cap Fréhel, ou à la Garde Guérin et au Nick. D’autres sont habitées, comme la Pointe du Décollé à Saint-Lunaire, ou aménagées (golf de la Pointe de la Haye à Saint-Briac, ou promenade de la Pointe du Chevet à Saint-Jacut-de-la-Mer). Les nombreux replis abritent autant de plages et de villages. Les côtes basses prennent la forme de polders à Saint-Jacut-de-la-Mer, dans la baie de Beaussais, et de dunes dans les anses de Saint-Briac-sur-Mer.
L’autre originalité du territoire tient aux larges estuaires, soumis aux flux des marées, qui prolongent la relation intime à la mer vers l’intérieur des terres.
Au premier rang figure la Rance, accompagnée par le Frémur d’Hénanbihen, l’Arguenon, et le Frémur.
De très nombreux points communs unissent ces estuaires. Les contraintes du milieu ont engendré des pratiques, des habitudes, et des savoir-faire communs. Longtemps, ils ont été utilisés pour moudre le grain, grâce aux moulins à marée, que l’on retrouve sur les quatre fleuves, et les tangues que l’on en extrayait, permettaient d’amender les terres. Les Terre-neuvas en partance pour la Grande Pêche étaient recrutés dans les campagnes aux alentours. Durant cette époque et celle du commerce maritime, l’estuaire de la Rance était le théâtre de multiples chantiers navals en pleine activité. De tout temps, un flux de population circule entre fleuves et continent, bénéficiant des ressources des uns et de l’autre. Une culture littorale commune qui perdure aujourd’hui encore, notamment par la pratique de la plaisance, de la pêche à pieds ou encore d’évènements particuliers (ex. : la Fête des Doris sur la Rance).
Le territoire continental s’organise enfin autour des différentes séquences des vallées fluviales.
Plus on va vers le Sud, plus le paysage rural ouvert, agricole, conserve sa trame bocagère et ses espaces boisés, ainsi que la structure de ses villages, avec leurs églises romanes, leurs calvaires, leurs fours et les façades brutes de l’habitat, qui exposent le substrat géologique de schistes, de calcaire ou de granit. Si la délimitation de la partie continentale du périmètre d’étude ne s’appuie pas sur des limites physiques très marquées, elle procède d’une logique de complémentarité des patrimoines et de l’interdépendance croissante dans le fonctionnement du territoire. Les grands marais d’eau douce et les cultures légumières en plateaux ajoutent leur caractère très spécifique à ces paysages.